Menu
Libération
Interview

""Ecrire, ma façon d'être au monde""

Article réservé aux abonnés
publié le 6 juillet 2000 à 2h50

Vous écrivez depuis plus de cinquante ans, et ne faites que cela, n'est-ce pas passer à côté de la vraie vie ?

Mais non, c'est ma vie d'écrire, j'ai toujours écrit, même si pendant longtemps je n'ai pas su que je serai écrivain, j'écrivais, voilà tout. Et aujourd'hui, c'est encore ma vie, j'ai toujours des idées, je marche difficilement, mais j'écris. Il faut écrire pour posséder la réalité. Ecrire, c'est ma façon d'être au monde. Je regarde, j'observe, tout me passionne. J'ai hérité de mon père, qui se passionnait pour le roman policier (voir ci-contre), la manie de tout savoir.

Comment avez-vous commencé ?

J'ai toujours écrit, je vous l'ai dit. Au début, mes narrateurs étaient des personnages masculins, il me semblait que c'était plus facile pour exister dans le monde, de présenter des hommes. J'avais ainsi publié les Seigneurs du thé et le Lac noir. Et puis, il y a eu la chance de "la semaine du livre", c'est une manifestation très importante en Hollande, un comité choisit dix écrivains qui rédigent un texte sous pseudonyme, il faut ensuite en deviner l'auteur. J'ai été reconnue par sept jurés, à cause des Indes dont mes précédents livres parlaient. Le texte a été distribué à 70 000 exemplaires, gratuitement, en cadeau aux clients des librairies, aujourd'hui, c'est 500 000! Ensuite je me suis consacrée entièrement à la littérature! (Hella Haasse éclate de rire)

Pourquoi riez-vous ?

J'espère que vous aussi vous percevez le caractère pompeux de cette phrase: "je me suis consacré