Rescapé de tout, témoin emporté des horreurs d’un siècle, ayant survécu aussi bien aux camps de concentration staliniens qu’aux champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, l’écrivain polonais Gustaw Herling est mort mardi 4 juillet dans un hôpital de Naples, la ville où il vivait depuis 1955. Il était âgé de 81 ans. En 1940, à 21 ans, Herling est arrêté par la police secrète soviétique à la frontière entre la Lituanie et l’URSS alors qu’il tentait de passer en Scandinavie pour aller combattre les Allemands - et immédiatement interné. Il sort du camp deux ans après en s’engageant dans l’armée du général Alpers, placée sous l’autorité du gouvernement polonais en exil. Il participe ainsi à la terrible bataille de Monte Cassino, et reste l’un des rares survivants du contingent polonais.
A la fin de la guerre, on le retrouve en exil à Londres car il ne veut pas rentrer dans une Pologne désormais communiste. En 1951, il se marie avec la troisième fille du philosophe italien Benedetto Croce et s’installe dans le palais napolitain de son beau-père. Préfacé de Bertrand Russel, c’est à Londres que sort, en 1951, Un monde à part (Gallimard), le premier témoignage, atroce et poétique, sur la Kolima, les camps de travail en Union Soviétique - qui précède de plus d’une décennie celui bien plus célèbre de Soljenitsyne. Toujours en polonais, Herling se consacre désormais à la rédaction de son journal, le Journal écrit la nuit (Gallimard) justement, dont sont parus quatre volumes. Rasse