Si ce n'est pas pour des raisons alimentaires qu'Adorno a consacré trois mois -à cheval de 1952 et 1953- à une étude sur la rubrique astrologique du Los Angeles Times, c'est au moins pour se payer le voyage et le séjour à Beverly Hills, où il avait passé dix ans de son exil, et d'où il était rentré en Allemagne en 1948, avec Horkheimer -alors que Marcuse, l'autre membre de l'école qu'on n'appelait pas encore de Francfort, restait en Amérique. Est-ce à dire que Theodor Wiesengrund Adorno (1903-1969) considérait l'astrologie comme un sujet par trop indigne ou léger? Pas le moins du monde, car il la versait dans le vaste chaudron de l'occulte et des ses pratiques, pour en faire un signe révélateur de cette aliénation capitaliste, qui pousse les gens à chercher l'explication et la direction de leurs actions là où il n'y en a pas et mieux cacher ainsi les vrais pouvoirs sociaux qui nous dominent. Sorte de météorite d'un autre espace-temps, Des étoiles à la Terre, aujourd'hui traduit, ne cesse de fasciner, parce qu'il parle des angoisses qui ne sont plus les nôtres, telles la bombe A ou H, ou encore les incertitudes que commence à faire peser sur l'homme l'apparition inouïe d'une société de consommation de masse.
Adorno n'a pas le temps ni les moyens de procéder à des enquêtes, aussi il est contraint de reconstituer la personnalité des usagers de l'astrologie par le produit que leur offre la rubrique astrologique du grand quotidien de Los Angeles. Mais c'est plutôt les contenus d'u