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Libération
Critique

Chili con mémoire

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Victor Farias fait le portrait documenté, dérangeant, d'un pays ambigu sous influence allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.
publié le 13 juillet 2000 à 3h03

Le nouveau livre de Victor Farias, Los Nazis en Chile, est une grosse lasagne de documents destinée à troubler la digestion des Chiliens. "A propos du Chili, explique-t-il, il y a toujours eu deux camps extrêmes. Les minimalistes disent que les nazis n'étaient là-bas qu'une secte. Les maximalistes disent que les nazis ont tout noyauté. La vérité est entre les deux: le Chili est un pays ambigu." Farias montre comment, à partir du début des années 30, les nazis ont conquis l'esprit des 35 000 Allemands installés, pour la plupart, dans le sud du pays, et obsédés depuis toujours par l'idée de conserver leur pureté de sang. Il révèle l'influence que certains généraux nazis, officiellement conseillers militaires, eurent sur une armée dont les cadres, depuis le XIXe siècle, avaient été régulièrement formés en Prusse. Les diplomates chiliens en poste à Berlin sont les moins épargnés par son travail: dans leurs courriers, le pronazisme et l'antisémitisme vont bon train. On découvre également que les Allemands avaient un projet de conquête de la Patagonie, nouvel et possible espace vital, et qu'ils effectuèrent des études raciales sur les enfants chiliens métissés, avec l'aide de certaines institutions religieuses. L'ouvrage est à la fois riche en documents et pauvre en interprétation: chaque découverte de Farias mériterait une étude précise du contexte et une réflexion approfondie. Mais l'auteur assure que cette méthode - ou cette absence de méthode - est volontaire: il refuse de tro