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Libération
Critique

Europe, années folles

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Une somme comparative sur l'homosexualité dans l'entre-deux-guerres.
publié le 13 juillet 2000 à 3h03

"La Totalité et l'homosexualité vont ensemble", écrit Adorno dans ses Minima Moralia. Le PC pensait de même qui, en 1934, définit l'homosexualité comme "une perversion fasciste". Florence Tamagne revient honnêtement sur la question. "S'il est indéniable que le nazisme s'appuyait en partie sur une esthétique homoérotique, il ne faut cependant pas en déduire qu'il était un mouvement pro-homosexuel." Les homosexuels, mauvais procréateurs, allaient à l'encontre de l'idéologie nataliste du Reich. Leur condamnation ne fut donc pas morale mais politique. A vrai dire, ce débat-là n'est pas neuf ni aucun de ceux soulevés par l'Histoire de l'homosexualité en Europe. L'intérêt majeur du livre de Tamagne ne réside pas dans ses avancées théoriques ni dans la nouveauté de ses points de vue, mais dans l'incroyable collecte d'informations qu'il représente. L'auteur recense beaucoup de ce qui s'est écrit sur l'homosexualité dans l'entre-deux-guerres, de Proust aux romans de gare, des coupures de presse aux rapports de police. L'amateur de Jean Genet, par exemple, doit lire le chapitre consacré à la vie homosexuelle dans les ports français. D'où il suit que Querelle de Brest ne relevait pas que du phantasme.

Comparant les mouvances homosexuelles dans trois pays européens, Tamagne pointe les divergences. "La France oppose au modèle allemand, démocratique et militant, un modèle individualiste, peu revendicatif et centré sur des personnalités d'exception." Lorsque la presse française parle (du bo