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Critique

Foucault, maître gay

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Ou pourquoi le philosophe est la référence du contre-discours homosexuel.
publié le 13 juillet 2000 à 3h03
(mis à jour le 13 juillet 2000 à 3h03)

Si les syndicalistes américains des années 30 avaient en poche le Manifeste du parti communiste, et les étudiants énervés de Berkeley les écrits de Marcuse, il semble que les fondateurs d'Act Up New York aient eu pour livre fétiche la Volonté de savoir de Michel Foucault. Grâce à quoi ils transformèrent profondément les formes du militantisme. David Halperin, helléniste et représentant éminent des études gaies et lesbiennes, a écrit Saint Foucault pour comprendre comment le philosophe français avait pu être à ce point séminal pour le mouvement homosexuel (ou gay ou queer, chaque appellation désignant des pratiques politiques et des théories de l'identité et de la sexualité divergentes). La réponse, évidemment, est dans la Volonté de savoir, premier tome de l'Histoire de la sexualité. Foucault y montrait comment la société moderne, loin de taire les pulsions sexuelles, produisait au contraire des formes multiples de sexualité.

En classifiant et hiérarchisant les types de pratiques (de l'hétérosexualité à la zoophilie ou la nécrophilie), le milieu médical transforma, à la fin du XIXe, la sexualité en objet de connaissance. Le sexe, objet de savoir, devint ipso facto un lieu de pouvoir. "L'importance politique du sexe consiste en la manière dont il soutient le régime du "bio-pouvoir". (...) Le bio-pouvoir se réfère aux procédures politiques modernes de régulation de la vie par des techniques d'expertise (statistique, démographie, eugénisme, stérilisation...) - techniques qui per