Il était temps. Il était temps qu'au dix-neuvième roman, Jean-Marc Roberts se décide à nous donner Un début d'explication. On ne les a pas tous lus, mais assez pour comprendre que le manque d'explication est au centre du plaisir qu'on y prend. Le plaisir de ne pas comprendre est rare, donc précieux, normalement on devrait s'en vouloir d'être idiot à ce point, mais avec les personnages de Roberts non, ce qu'on ne comprend pas en eux, c'est exactement ce qui nous inquiète en nous, et nous voilà rassurés de n'être pas le seul imbécile sur terre. Les personnages de Jean-Marc Roberts ne comprennent pas à quel point l'homme qui se prend pour le plus malin des mammifères est désemparé devant le monde qu'il a contribué à compliquer, inadapté à la vie, à la mort, à l'amour, à la paternité, à l'ambition, au travail, à la modestie, à la fidélité. Il se fait à l'ennui. Mais le personnage s'en sort toujours, toujours mal, il finit par accepter de n'être pas le centre du monde, le maître des choses, trouve une petite jubilation à être le dindon de la farce, s'en contente. Aussi, la promesse faite d'Un début d'explication fait craindre qu'elle sera tenue et que ce charme gris s'estompe. Et puis non, il s'y tient, de l'explication nous n'aurons que le début, nous voilà bien avancé.
Bien sûr, faute d'explication, on peut tenter de dire le début de ce livre écrit à la troisième personne, ce qui ne change rien, c'est la première et la seule qui nous concerne, les autres sont trop déterminées po