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Libération
Critique

Beigbeder, le juste prix

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Des méfaits de la publicité en général et dans la littérature en particulier. Un roman en promotion.
publié le 24 août 2000 à 3h40

Il faut d'abord parler (brièvement) de l'auteur, puisque son produit, qui a le titre de son prix (ou le prix de son titre), 99 francs, a des qualités inséparables de sa fringante personnalité: potache, virtuose, malin, démonstratif et soumis à l'air du temps. Frédéric Beigbeder est une jeune bête qui monte dans le monde parisien des bars et de l'édition. Il a déjà écrit trois livres exactement là où il faut: chez Grasset puis chez Gallimard, dans la collection de Philippe Sollers, L'infini. Il apparaît chaque soir là où il faut: dans «Rive Droite Rive Gauche», l'émission culturelle de Thierry Ardisson (Paris-Première). Il écrit chaque semaine une bonne chronique littéraire là où on ne l'attend pas : dans Voici (car il faut toujours paraître décalé pour donner l'impression d'être libre). Bref, il fait carrière dans le champ, et travaille aussi dans la pub pour une agence célèbre -ou y travaillait, puisque le propos du livre, annoncé roman, est de dénoncer l'arrogante vanité de ce milieu (ce qui n'est pas nouveau). Beigbeder crée Octave Parango (de paragon: modèle, type; une trouvaille, non?), un double cynique et dépressif qui évolue dans le monde de la cocaïne, des putes et du second degré. Octave est créatif dans une agence de pub, il gagne beaucoup, n'en peut plus, et il écrit au jour le jour le livre que nous lisons, 99 francs, pour se faire virer. Sans y parvenir, évidemment. Octave se décrit comme un «caméléon camé» et Beigbeder, autre saurien de salon, a beaucoup lu le