C’est d’abord une respiration, une palpitation, comme d’un coeur écorché, qui attire dans Ma vie folle. La tentative de se dénuder à partir de la mort: «Il y a un silence qui s’appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s’étourdissent de mots j’aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j’ai beaucoup vécu dans la mort j’en ai beaucoup parlé je l’ai brandie je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je ne me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.» Ce dix-septième livre de Richard Morgiève, presque dénué de ponctuation, se présente comme un retour de l’auteur sur la mort de sa mère et de son père, ses tendances homosexuelles banales, son sentiment de déréliction. On peut d’autant mieux acclamer Ma vie folle que son pendant immédiat, Ton corps, est moins convaincant. Là, il s’agit pour le narrateur de reprendre connaissance de son corps après que la femme aimée lui a avoué l’aimer moins: «Elle ne te touche plus et c’étaient ses mains et son corps qui te faisaient corps.»
Sans aller jusqu'au travers pointé par l'auteur lui-même au début de Ma vie folle («tout ce que j'écris depuis presque trois ans est mauvais insincère pas suffisant ou justement suffisant gras faux et je me sens bête et inutile»), Ton corps rayonne d'une moindre sincérité que Ma vie folle lequel, jusque dans ses bégaiements voulus, jusque dans ses maladresses (des développements psychanalytiques un peu culinaires), témoign