Avant d'avoir lui-même raconté son odyssée, François Bizot aura inspiré John Le Carré. Les deux hommes se sont rencontrés en Thaïlande en 1975, où le Britannique était en repérage pour un roman en cours, juste après l'expulsion de François Bizot du Cambodge. Ils sont devenus amis, l'écrivain passant ses séjours en Thaïlande chez l'ethnologue, à Chiang Mai, «dans une magnifique maison en bois» de la conception du Français, «au coeur d'une futaie habitée par les gibbons». C'est ce qu'explique John Le Carré dans la préface qu'il donne au Portail. L'inventeur de Smiley y révèle que l'aventure de François Bizot lui a paru assez extraordinaire pour créer le double romanesque du Français dans son roman paru en 1990, le Voyageur secret. Aujourd'hui il s'en excuse presque: «J'ai créé un personnage de Hollandais méditatif nommé Hansen, alors qu'on ne peut pas trouver plus français que Bizot. Je l'ai dépeint en ancien jésuite converti au bouddhisme, ce qui n'est pas si faux, puisque Bizot chérit éperdument les divinités de toutes sortes. Je l'ai affublé du métier d'espion, quand la liberté d'esprit et l'humour débridé de Bizot en auraient fait l'agent le plus incontrôlable au monde. [...] Dieu merci, tous les passages de mon histoire sur Hansen ne sont pas si répréhensibles. [...] Son courage, ses inquiétants accès de distanciation, sa surprenante humilité, ses aspirations esthétiques, son désespoir et son indifférence au gain appartiennent à son modèle.»
L'hommage de Le Carré ne s'arrê