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Critique

Comme un poison dans l'eau

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Métaphore d'une maladie jamais nommée: il n'y a pas que les poissons qui meurent dans l'aquarium du Mexicain Mario Bellatin.
publié le 31 août 2000 à 3h52

Salon de beauté est le premier récit de Bellatin traduit en Français. De l'avis des critiques hispanophones qui ont pu lire ses autres brefs romans, ça doit être une bonne idée car ce quatrième texte (daté de 1994, sur un total actuel de six) marquerait un saut qualitatif dans sa production. Né en 1960 à Mexico, Mario Bellatin est un écrivain mexicain. Ayant publié ses premiers textes au Pérou, c'est un écrivain péruvien. Les critiques en question ne sont pas tous d'accord, ça ne nous empêchera pas de signaler que la déréalisation du récit est telle qu'il pourrait aussi bien se dérouler ou plus précisément s'enrouler en Mordovie.

Le livre écrit juste avant celui-ci a un titre beau comme une composition d'Arvo Pärt, il s'appelle Canon perpétuo. Dans Salon de beauté aussi, il y a du ressassement ­ sous la forme d'un aquarium: «Il y a quelques années, je m'intéressais tellement aux aquariums que je décorai mon salon de beauté de poissons de différentes couleurs. Maintenant qu'il est devenu un Mouroir, où vont finir leurs jours ceux qui n'ont pas d'autre endroit pour le faire, j'ai du mal à constater qu'ils ont peu à peu disparu.» C'est pratique, les poissons, ça tourne en rond, ça s'en va, ça revient, ça se nourrit de tout petits riens. Et contrairement à l'eau dans laquelle ils évoluent ici, la métaphore est transparente: les mourants sont au Mouroir ce que les poissons sont à l'aquarium, en particulier du point de vue du narrateur qui s'occupe des uns et des autres, ou plutôt