Le 21 mars 1991 au matin, un vétérinaire fortuné de Nice, Jean-Louis Turquin, appelle la police: son fils de huit ans, Charles-Edouard, a disparu. Son épouse, Michèle, a quitté le domicile conjugal et demande le divorce. Il ne le supporte pas. Trois mois plus tard, elle séduit et piège son mari, obtenant après l'amour l'aveu enregistré du meurtre de l'enfant. Interrogé par la police, Turquin se rétracte: il affirme avoir raconté à sa femme ce qu'elle voulait entendre, pour qu'elle revienne. Le corps de l'enfant ne sera jamais retrouvé. Turquin est condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour assassinat en 1997. Depuis, il affirme que Charles-Edouard vit en Israël, où sa femme a voyagé et étudié. Un pourvoi en révision a été introduit.
Le troisième roman de Marc Weitzmann, Mariage Mixte, est une «rêverie» ambiguë, hachée, fantasmée à partir de ce fait divers célèbre: «Le mariage mixte, explique-t-il page 222, entre les quelques faits accessibles rapportés par la presse et l'histoire telle que je l'avais imaginée, dix-huit mois durant» L'auteur suit une pratique assez répandue chez les jeunes écrivains français: le cannibalisme des faits par l'autofiction. Il se paie sur cette redoutable bête sans queue ni tête, le réel (avec italiques d'intimidation): «J'affrontais le réel, ce Minotaure au centre du labyrinthe que tout écrivain contemporain se doit d'arpenter» (page 113). Le réel, c'est l'affaire Turquin que Weitzmann utilise comme prétexte pour mettre en scène sa propr