La date de naissance au dos d'Adieu, mon unique, 1956, ça doit être une coquille. Quant aux photos dans les journaux ce visage juvénile, sans trace du passage des mots ni des maux elles sont probablement celles d'un autre; de son fils ou d'un cousin. Antoine Audouard a plus vécu que s'il était son propre père et il a la tête d'un adolescent. Il doit être né en 1936 ou en 1976. Il ne peut avoir 44 ans, et déjà tous ces enfants, tout cet argent. Il ne peut avoir eu toutes ces vies et toutes ces réussites. Avoir publié trois romans quand il avait vingt ans, sous Giscard, dans la «blanche» de Gallimard, comme on va au bistrot du coin; puis, stylo posé, illusions littéraires perdues, avoir passé deux décennies dans les soutes du paquebot à gros tirage de l'édition populaire, comme second de l'éditeur Fixot. Il ne peut avoir abandonné tout ça les poches pleines grâce aux actions valorisées lors de l'entrée puis de la sortie du Groupe de la Cité pour, un jour de 1999, revenir à la «blanche», via un roman très «Fixot», imaginant la vie d'Abelard, philosophe amoureux du XIIe siècle (lire page X). Il ne peut être l'homme qui a la femme qui a vu Spielberg, la belle éditrice à succès et femme de pouvoir Susana Lea, sorte de Fixot femelle qui a vendu les droits de Marc Lévy à Hollywood.
Et pourtant, 6 août 1956, c'est bien lui. Sinon, Antoine Audouard ne serait pas le fils de son père, Yvan, 86 ans et une soixantaine de livres publiés. Il n'aurait pas vécu cette enfance de mots à Neui