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Critique

François Bon, celui qui ..

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Dans ses ateliers, on ne parle pas à la place de ceux qui n'écrivent pas, mais on les accompagne pour qu'ils s'en prennent aux mots.
publié le 21 septembre 2000 à 4h35

Ils sont illettrés ou apprentis acteurs, élèves ou prisonniers. Régulièrement, François Bon s'assied devant eux et leur propose des exercices d'écriture. D'aucuns renâclent: «Vous devriez vous regarder en face. Vous êtes nul, nul à chier. Vous, l'adulte.» (élève de première). Mais dans l'ensemble cela se passe bien. Ces ateliers d'écriture, peut-être importants pour les participants, sont en tous cas fondamentaux pour François Bon qui a tiré beaucoup de son oeuvre récente de cette expérience-là. C'était toute une vie ou Prison (1) sont des textes signés Bon, mais nés d'autres textes, anonymes, bancals et émouvants, écrits dans le silence des ateliers. Le mot même d'atelier plaît sans doute beaucoup à François Bon, écrivain-ingénieur, dont l'ambition littéraire est en même temps politique. Non pas parler à la place des misérables (c'était l'option de Hugo) mais les accompagner dans leur chemin vers la prise de parole et la reconnaissance sociale.

Le nouveau livre de François Bon, Tous les mots sont adultes donne les recettes que l'écrivain utilise pour faire advenir l'écriture là où généralement elle ne se trouve pas. Il offre une série d'exercices possibles sur l'espace, le temps, le rêve, la mémoire, le quotidien, et quelques résultats obtenus par sa méthode. De tous les exercices proposés, il en est un, inspiré de Saint-John Perse, que Bon pratique constamment et qui dit bien son souci politique. On pourrait l'appeler l'exercice des celui qui. Saint-John Perse écrit: «Celui