Vous êtes romancier, pourquoi avez-vous décidé de faire une biographie de Slobodan Milosevic?
J'ai essayé et j'ai échoué à en faire un personnage romanesque trébuchant entre la caricature et le portrait vide. Il ne peut être ni un héros de roman classique, ni le protagoniste d'un roman post- moderne. On peut raconter ce qu'il cristallise, écrire autour de lui mais pas vraiment écrire sur lui. C'est un homme sans qualité. Un homme sans passion sinon celle du pouvoir. Pour le reste il est absolument vide. Là est sa force. Chaque Serbe a pu projeter sur lui ce qu'il voulait. Quand il a pris le pouvoir, chacun était persuadé qu'il pouvait réaliser quelque chose pour lui. Les communistes pensaient renouveau communiste, les croyants pensaient qu'il était un croyant caché, les démocrates étaient convaincus qu'il allait faire les réformes, les nationalistes étaient sûrs qu'il allait enfin créer la Grande Serbie de leurs rêves. Tout le monde a été trompé, y compris en Occident car les chancelleries l'ont trop longtemps considéré comme un interlocuteur incontournable. Il a échoué dans tout ce qu'il a tenté comme cela était prévisible dès le début. La politique archaïque dont il était porteur et les démons xénophobes qu'il déchaînait ne pouvaient aboutir qu'à des catastrophes. Il a joué beaucoup de rôles différents au gré des circonstances, tour à tour communiste, nationaliste, homme de guerre, faux homme de paix. Il tout raté et tout perdu sauf le pouvoir. C'est cela que j'ai voulu rac