Elle découvrit la Yougoslavie sur un lit d'hôpital londonien alors que la radio annonçait le 9 octobre 1934 l'assassinat à Marseille du roi Alexandre de Yougoslavie, tué en même temps que le ministre français des Affaires étrangères par un terroriste macédonien oeuvrant pour le compte d'ultranationaliste croates. Alors les souvenirs ont ressurgi. Elizabeth d'Autriche poignardée par l'anarchiste italien Luccheni, le roi de Serbie Alexandre Obrenovic massacré à coups de sabre avec sa femme par des conjurés à Belgrade, l'archiduc François Ferdinand abattu à Sarajevo en juin 1914 par de jeunes terroristes serbes. «Je m'aperçus que ma vie avait été ponctuée par les assassinats d'altesses royales et par les cris de vendeurs de journaux dévalant la rue pour m'annoncer que quelqu'un avait utilisé une arme meurtrière afin de tourner une nouvelle page du livre de l'histoire» écrit la romancière britannique Rebecca West. Tous ces assassinats d'une façon ou d'une autre avaient leur origine dans les Balkans tumultueux. Elle voulut comprendre et décida en 1936 de partir pour la Yougoslavie. Ce fut un coup de foudre et elle consacra au royaume des Slaves du Sud son plus célèbre livre, Agneau noir et faucon gris, finalement traduit en français par les éditions L'Age d'Homme qui ont publié dans le passé nombre de textes essentiels des littératures slaves et quelques ouvrages moins heureux de thuriféraires du nationalisme serbe.
Le livre de Rebecca West est justement devenu un classique de la