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Libération
Critique

Sauve qui peut Zahavi

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Dans un Londres frileux et délétère, les aventures inextricables d'une intrépide fille facile et d'un petit dur évanescent
publié le 21 septembre 2000 à 4h34

Dirty week-end, le premier roman d'Helen Zahavi paru en 1991, commençait par cet avertissement: «L'Angleterre est pleine de gens blessés. Qui étouffent en silence. Qui hurlent à voix basse pour ne pas être entendus des voisins. Vous les avez sans doute vus. Vous les avez probablement croisés. Vous leur avez certainement marché dessus. Trop de gens n'en peuvent plus. Ce n'est pas nouveau.» Le livre racontait l'histoire exemplaire de Bella, une inconnue comme l'était alors Zahavi, petite traductrice d'origine israélienne installée à Brighton en butte au harcèlement des mauvais garçons de cette ville soi-disant proustienne mais en vérité très mal famée. Bella, clone cauchemardesque d'Helen, faisant fi de sa peur et de toute morale, se redressait et, mante religieuse déguisée en scorpion, se mettait à tuer au fil des pages d'un faux polar noir exsudant la haine. Résultat: on évoqua Dirty week-end non dans les suppléments littéraires du dimanche mais à la page des faits-divers, voire les éditoriaux où des voix vertueuses demandèrent son interdiction... En vain. Le mince ouvrage fit un tabac et la modeste habitante de Brighton, quelque temps exilée à Paris par prudence, regagna Londres la tête haute et se remit à écrire.

Son deuxième ouvrage, True romance, apparu en 1995, désarçonnait de prime abord par son caractère de récit érotique policé et non policier, une ironie constante qui changeait de la noirceur hargneuse de Dirty week-end. Mais, entre les lignes de la fable subtile, le