En 1994, alors que Luis Roldàn, ex-patron de la garde civile, est recherché dans le monde entier pour avoir détourné 400 millions de pesetas (16 millions de francs), Manuel Vasquez Montalban écrit Roldan, ni mort ni vif. Une enquête du détective Pepe Carvalho qui est aussi une fable sur le pouvoir socialiste de l'époque, celle du Premier ministre Felipe Gonzales, et sur l'absence de scrupules des hauts fonctionnaires socialisants. On y retrouve le célèbre scepticisme de Carvalho, alter ego «amélioré» de Montalban. Dans son livre paru il y a quelques mois en Espagne, En la Tierra Baldia (éditions El Viejo Topo), Mari Paz Balibrea préfère parler de regard politique sur son pays. Montalban, rappelle-t-elle, est marqué par ses origines réellement populaires. Après la victoire de Franco, son père, ouvrier et ancien militant communiste barcelonais d'origine galicienne (comme Pepe Carvalho), a dû se présenter pendant vingt ans chaque semaine au commissariat du quartier. Le jeune homme, né en 1939, a adhéré lui aussi au PSUC, le PC catalan, et a passé quelques mois dans les prisons du régime. En 1974, un an avant la mort du Caudillo, Montalban, connu comme analyste impitoyable des médias et comme écrivain audacieux, auteur d'un Manifeste subnormal, se met au roman policier avec Tatouage. Carvalho entre en scène. Sous la transition démocratique, la tonalité des enquêtes du privé devient plus amère. Montalban se pose des questions sur l'affadissement des identités politiques. Quand, a
Critique
Garde si vil
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par Edouard WAINTROP
publié le 28 septembre 2000 à 4h48
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