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Libération
Critique

Hard contemporain

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Eros et horreur:un premier roman ultratechniciste soi-disant sans affect, dont le héros fut putain d'un bordel galactique.
publié le 28 septembre 2000 à 4h48

Premièrement, Ex machina est un roman de science-fiction sur notre quotidien nouveau, technoïde et virtualisé. Deuxiè-mement, Ex machina est un très excitant récit érotique. Troisièmement, Ex machina est une étude de cas psychologique. Le sujet ausculté souffre d'une sorte de paranoïa aggravée. «Moins il y a l'apparence d'un risque et plus le risque

est grand. (...) On ne chercherait pas autrement à m'appâter et à endormir ma vigilance, qu'en plaçant sur ma route une porte lorsque je veux sortir.» Quatrièment, Ex machina est un méta-récit, une réflexion sur le métier d'écrivain. Cinquièmemnt, Ex machina, premier roman de Hugues de Chanay, est un très bon roman.

Le narrateur, androïde surpuissant, est aussi homosexuel, particularité rare à ce jour chez les androïdes. Avant, il était «putain de l'espace» dans une maison close intersidérale. Il savait pénétrer les fantasmes secrets de ses clients pour les projeter immédiatement au coeur de leurs désirs. Cliquer sur forêt-violeur ou bateau-matelot et vous y êtes comme vous en rêviez. Les rêves, en général sont hard; les narrations sexuelles très majoritairement violentes. Mais cette vie de fiction permanente fatigue soudain le narrateur. Il en a assez de devoir contenir le monde, prêt à servir qui le veut. Ce qui est une belle définition du romancier, en inlassable et harassé inventeur de récits, et de récits dans le récit, pour lecteurs éventuels. Androïdes et écrivains, même combat.

Le narrateur fuit son bordel galactique, se réf