Menu
Libération

«Je dirais même plus»

Article réservé aux abonnés
publié le 28 septembre 2000 à 4h48

«Nous voilà dans de beaux draps!...», dit Tintin à Milou à la vingtième planche d'Au pays de l'or noir dont Casterman publie aujourd'hui «le fac-similé en couleurs de l'édition originale de 1950». «Eh bien! Nous sommes dans de beaux draps!...», dit-il au même interlocuteur dans l'édition définitive de 1971 de ce qui est devenu Tintin au pays de l'or noir. Et nul doute que cette remarque, Hergé a dû se la faire lui-même. Une guerre mondiale provoquant diverses catastrophes narratives a en effet transformé cet album en exemple type pour qui veut s'intéresser au vieillissement d'une oeuvre, en quoi le temps la bonifie ou la ruine.

Au pays de l'or noir commence à paraître en septembre 1939 dans le Petit Vingtième qui interrompt sa publication en mai 1940 alors qu'une petite moitié de ce qui sera la première édition est déjà parue. Sur fond d'aventures pétrolières et de menace de guerre en Europe, l'intrigue se déroule alors en Palestine où les Juifs de l'Irgoun s'opposent à la fois aux Arabes et aux Britanniques qui exercent un mandat sur la région. Mais, en 1950, il n'y a plus une puissance belliqueuse comme c'était le cas en 1939 et la situation en Palestine a évolué. En 1971, son éditeur anglais lui demandant de moderniser quelques passages, Hergé reprend considérablement l'album en en modi-fiant le dessin et le scénario. Il supprime les organisation juives, soupçonnant qu'elles n'évoquent rien pour les jeunes lecteurs des années 70 (et sans doute aussi pour éviter d'aborder u