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Critique

Le portrait d'Alasdair Gray

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Un héros réaliste et son double fantastique se disputent la vedette de «Lanark», sommet de la littérature écossaise. Entretien avec l'auteur.
publié le 28 septembre 2000 à 4h48

De quelque côté qu'on se tourne, Lanark est l'histoire d'un jeune homme. Il s'agit d'un livre énorme, dont on n'épuise pas comme ça les malices. L'auteur s'offre le luxe de bavarder avec son héros, de recenser ses emprunts, de remercier ses amis dans une note de bas de page, au terme d'un «Epilogue» qui «fait office d'introduction à l'oeuvre en général (le soi-disant "Prologue" n'étant pas du tout un prologue, mais une nouvelle indépendante)», et que vous suiviez ou non, aucune importance, il n'y a qu'une chose à savoir. Lanark, fondement et sommet de la littérature écossaise, paru en 1981 et traduit aujourd'hui, chef-d'oeuvre d'Alasdair Gray, peintre et écrivain né en 1934, Lanark est l'histoire d'un jeune homme qui s'appelle tantôt Thaw, tantôt Lanark.

Thaw, fils de Mr et Mrs Thaw, est un enfant solitaire, qui veut «paraître mystérieux», et rencontre de nombreuses difficultés dans sa découverte du monde. Il s'en accommode tant qu'il peut se réfugier dans ses fantasmagories. Mais il grandit. «Et à présent, le flot de sa vie imaginaire était brisé par deux ou trois orgasmes par semaine.» Asthmatique, il cherche son souffle. Il cherche la clé de l'univers. Il cherche à aimer. Il se cherche.

Thaw, qui n'est pas bête, mais qui a du mal à vivre, surtout le matin, «pense avec une crainte révérencielle à l'énergie requise pour entretenir une civilisation». Lui-même, inscrit aux Beaux-Arts, songe à rembourser sa dette d'artiste envers sa ville natale: comment donner à Glasgow, en la