Apôtre de l'adultère bien tempéré, John Updike demeure néanmoins un modèle de fidélité à l'égard de ses obsessions personnelles. Dix-huitième roman de l'écrivain américain, aujourd'hui presque septuagénaire, Aux confins du temps relance une nouvelle fois la question du couple, la nostalgie de la jeunesse, l'inquiétude sur le temps qui passe (et qui court trop vite), le chant de la nature et le prurit de la sexualité. La même chose que dans ses ouvrages (romans mais aussi nouvelles) précédents? Pas tout à fait. Les manies persistent mais le ton change un peu. Pas une révolution mais un tournant, un virage négocié sans forcer, sans racler les chapeaux de roues.
Que le récit se situe en l'an 2020 ne transforme pourtant pas ce dernier opus en exercice de science-fiction. L'Amérique vue vingt ans à l'avance ressemble assez à celle que nous connaissons. Il y a eu un terrible, quoique bref, conflit nucléaire avec la Chine qui renvoie l'humanité (c'est-à-dire les Américains) aux confins, non pas du temps comme l'indique le titre, mais de la civilisation, avant l'époque bénie des gouvernements fédéraux et du règne du dollar. Le prophétisme de l'auteur se limite en réalité à une gentille parodie des livres d'anticipation. Son centre d'intérêt est ailleurs, juste un peu au-delà. Faire un bond d'une vingtaine d'années (la durée d'une génération) autorise le héros-narrateur (il ressemble assez à l'auteur) âgé de 66 ans à anticiper un certain nombre d'échéances angoissantes au premier rang