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Libération
Critique

Jeanne au bûcher

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Ami de Christine Angot et inspiré par Thomas Bernhard, Emmanuel Adely n'est pas du genre à pousser des longs cris d'amour à sa maman.
publié le 12 octobre 2000 à 5h17

Dans Quitter la ville de Christine Angot, on lit qu'Emmanuel a téléphoné. Dans Jeanne, Jeanne, Jeanne d'Emmanuel Adely, cela se confirme: «Je regarde celles qui ressemblent à Thérèse dis-je au téléphone à Christine, celles qui ont son allure, son teint mat (...) dis-je au téléphone à Christine, ça me rend fou, toutes ces mères ça me rend fou, toutes ces mères possibles (...) dis-je à Christine au téléphone.» On ne mentionne cette légère interférence que parce qu'il y a entre Adely et Angot un certain nombre de points communs. Ne pas aimer Jean Rouaud notamment, ce qui n'est pas un dégoût personnel, mais un parti pris littéraire. «Ma mère ne veut pas que je passe à la télévision dit-elle parce que par exemple je ne serais pas aussi gentil que Jean Rouaud qui est si gentil avec sa mère, lui, il est émouvant dit-elle, il est si gentil, et respectueux.» S'il y a de la dévotion pour sa famille et pour le passé chez Rouaud, il n'y a rien de cela chez Adely, lequel écrit un roman comme on règle ses comptes, et violemment, avec envies de meurtre à la clé.

Sa mère n'est d'ailleurs pas vraiment sa mère, d'où l'italique. La vraie l'a abandonné. Il paye un détective pour la retrouver. Il se fait que c'est le même qui avait recherché déjà, et trouvé, le père de François Truffaut. Le roman se déroule entre le 2 juillet où il se rend chez le détective et la fin août où celui-ci a un peu plus qu'une piste. Entre-temps, le narrateur recommence la même répétition obsédante du malheur, de la do