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Critique

Etre ou avoir, une question de Fromm.

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Les écrits d'un esprit empreint de judaïsme et de bouddhisme, qui a tenté de concilier Marx et Freud.
publié le 19 octobre 2000 à 5h32

On y dispensait des soins, on y formait des thérapeutes. Mais dans le respect des textes sacrés, et en suivant le «rythme de vie judaïque». Aussi les mauvaises langues l'appelaient-elles l'institut de... «Thorapeutique». C'était un sanatorium privé, fondé en 1924 par la psychanalyste Frieda Reichmann. L'esprit qui y régnait n'était pas pour déplaire à Erich Fromm. Né le 23 mars 1900 à Francfort, de parents juifs orthodoxes, il avait entrepris très tôt l'étude du Talmud, avait donné des cours à la Freie Jüdische Lehrhaus dirigée par Franz Rosenzweig, où il avait approché Martin Buber ou Gershom Scholem, et, en 1922, avait soutenu une thèse de doctorat sur «La loi juive. Une contribution à la sociologie de la diaspora». Mais, paradoxalement, c'est durant les années de travail dans cette institution que Fromm s'éloigne du judaïsme conservateur et se tourne vers les théories de Freud et de Marx. Il se fait analyser par Frieda Reichmann (qu'il épouse en juin 1926), entre en contact avec Georg Groddeck à Baden-Baden, rencontre là Sandor Ferenczi, poursuit à Berlin sa formation didactique avec Hanns Sachs et Theodor Reik, puis fonde, avec sa femme, Karl Landauer et Heinrich Meng, l'Institut psychanalytique de Francfort. En 1930, il ouvre son cabinet de psychanalyste à Berlin. Peu après, Max Horkheimer lui propose d'entrer à l'Institut de recherches sociales de Francfort, berceau de la célèbre «Ecole de Francfort», dont sont membres Theodor Adorno, Herbert Marcuse, Walter Benjamin.