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Libération
Critique

Vinaver s'explique en Suisse

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Un libelle du dramaturge sur une poignée de main helvético- autrichienne qu'il déplore.
publié le 19 octobre 2000 à 5h33

Un événement, mineur en apparence, est à l'origine du petit texte de Michel Vinaver que publie l'Arche. Une photo et un article publiés par l'International Herald Tribune du 1er avril 2000. «La Suisse reçoit chaleureusement Schuessel», dit le titre, et ce n'est pas un poisson. Sur la photo, on voit le nouveau chancelier autrichien sourire largement, tandis que la responsable du protocole de la Confédération helvétique lui serre la main.

Michel Vinaver n'est pas un habitué des prises de position publiques. «Je suis un auteur de théâtre, rappelle-t-il dans son texte. Je me cantonne dans cette activité (l'écriture dramatique) sans éprouver la tentation d'intervenir, en tant qu'artiste ou intellectuel, dans le débat politique. [...] Je ne suis pas un écrivain engagé [...].» Pourtant, ce jour-là, à la lecture du journal, il prend une décision. Il n'ira pas en Suisse où il devait participer, début juin, aux «Journées littéraires de Soleure». Il est jusque-là resté muet quant à la situation politique en Autriche. Il n'a pas participé publiquement au débat sur le boycott du pays, après l'arrivée au pouvoir du FPö de Haider. Mais, écrit-il, «ce qui m'est arrivé ce matin du 2 avril 2000, c'est une sorte de choc face au retour de l'innommable, de l'immonde. Un retour d'autant plus foudroyant qu'il s'opérait dans une bonne humeur souriante et affectueuse: une douceur bienveillante dans les mots et dans les regards, la poignée de main. En filigrane, la haine, le mépris, l'extermination. (