Que l'on espère des révélations sulfureuses ou, grâce à une subjectivité revendiquée et assumée, que l'on escompte une meilleure compréhension d'une époque, les Mémoires des grands hommes sont rarement sources de déception. Quoique écrits dans des registres différents, les souvenirs de Claude Bourdet, de Philippe Viannay... ou de Charles de Gaulle remplissent dans cette optique leur office et constituent, malgré leurs outrances ou leurs partis pris, des sources irremplaçables. A cette aune, les Mémoires de Claude Bouchinet-Serreulles étaient pour le moins attendus.
L'homme, de fait, a connu un destin prodigieux. Gagnant, après maintes péripéties, la Grande-Bretagne en juillet 1940, il rallie aussitôt les forces maigrelettes de la France libre. Attaché au cabinet militaire du général de Gaulle, il est placé aux première loges pour aider le Rebelle à imposer une légitimité que les Alliés lui marchandent. Ce poste, pourtant, ne convient guère à un homme qui brûle de reprendre la lutte. S'il ne parvient pas à obtenir sa mutation dans une unité combattante, il réussit, grâce au colonel Passy (chef des services secrets), à gagner la métropole pour seconder Jean Moulin. Son patron est arrêté à Caluire le 21 juin 1943, ce qui contraint Claude Bouchinet-Serreulles arrivé le 16... à aussitôt assumer l'intérim. Vaste programme. Serreules doit en effet batailler contre les mouvements de résistance qui, Moulin disparu, rêvent de prendre leur indépendance vis-à-vis de la France combatt