Manuel Rivas est galicien, galicien de Galice, pas de Galicie, s'il faut le préciser, puisque le même nom en français désigne ces deux peuples que toute une Europe sépare: la Galicie se perd au gré des retouches que les guerres et les politiques ont imposées aux frontières entre la Pologne et l'Ukraine, la Galice est ce coin ouest que l'Espagne enfonce dans l'Atlantique au nord du Portugal. La Galice est une des 17 communautés autonomes de l'Espagne instituées par la Constitution de 1978 dont l'article 3 dit que: «Le castillan est la langue officielle de l'Etat. Tous les Espagnols ont le devoir de la connaître et le droit de l'utiliser», de même, à l'article 5 de la Constitution galicienne on peut lire que: «La langue de la Galice est le galicien (..), le galicien et le castillan sont les langues officielles de la Galice, tous ont le droit de les connaître et de les utiliser», voyez, là des droits et des devoirs, ici, plus de devoirs, seulement des droits (1). Bref Manuel Rivas écrit en galicien, il en a le droit, sinon le devoir, en tous cas, il ne s'en prive pas. Il est la figure de proue d'une littérature galicienne en pleine relève. Il a du succès, il est couvert de prix, ses livres sont traduits dans des langues qui l'étonnent, on en fait des films, il a l'air d'un ange malicieux, trop jeune pour son âge, endimanché comme un manche, la Galice sous le col lorsqu'il monte à Paris.
Le Crayon du charpentier est son troisième roman, le second traduit en français. C'est l'hist