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Libération
Critique

Schuiten et Peeters, autels de villes

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Rencontre dans la plus hybride des capitales européennes avec deux scénographes de la BD qui ont l'utopie urbaine pour perspective.
publié le 26 octobre 2000 à 5h48

Bruxelles envoyé spécial.

C'est à Bruxelles que Benoît Peeters et François Schuiten conspirent pour ajouter une dimension supplémentaire à la planète. Il faudrait parler plutôt de Brüsel que de Bruxelles, car sous la capitale belge se dissimule une ville invisible, qui a donné naissance à la série des Cités obscures. Plus d'une douzaine d'albums publiés depuis 1983, ont retracé entre apothéose et naufrage, l'histoire des villes d'Alaxis, Samaris, Armilia, Calvani, Mylos, sans oublier Pâhry et Urbicande, la plus célèbre de toutes. Schuiten et Peeters ont tissé tout un monde utopique gouverné par les figures de l'ingénieur, de l'architecte et de l'artiste. L'urbatecte Eugen Robick, l'inventeur Axel Wappendorf y voisinent avec Jules Verne, Georges Rodenbach ou Victor Horta. Les perspectives sont vertigineuses, à la dimension des machines qui survolent les avenues. Le monde des Cités obscures, miroir du passé, du présent et de l'avenir, communique avec le nôtre. L'un des passages attestés se trouverait sous le monumental palais de justice de Bruxelles.

Benoît Peeters vit à Ixelles, dans le quartier de l'enfance d'Hergé et de ses studios. François Schuiten a installé son atelier à Schaerbeek, au nord, dans une haute demeure flamande. Le quartier, conquis au siècle dernier sur les marais est resté longtemps l'un des plus déshérités, offrant pourtant un patrimoine architectural extraordinaire. Aujourd'hui, l'immigration et les jeunes l'ont ressuscité. Reste que Bruxelles a raté son u