Les juifs dans le monde sont désormais quelque treize millions, soit deux millions de plus qu'au début du siècle. Trois bouleversements géographiques ont accompagné, ou provoqué, ce changement démographique: les retrouvailles avec la terre d'Israël, l'éradication des communautés juives d'Europe centrale et orientale et la disparition de celles des pays d'Islam. Aujourd'hui, la quasi-totalité du «peuple juif» (notion en soi aléatoire) vit entre l'Etat d'Israël, les Etats-Unis et les pays occidentaux. En outre, malgré telle ou telle explosion sporadique, les persécutions antisémites ont presque disparu, et chaque individu qui se reconnaît un lien avec une quelconque forme d'affiliation juive a le choix de son identité, individuelle ou collective, politique ou philosophique, religieuse ou laïque.
Ce sont là les bornes dans lesquelles s'inscrit l'ouvrage pionnier d'Elie Barnavi et Saul Friedländer, Les juifs et le XXe siècle. Dictionnaire critique, qui a l'insigne mérite de proposer, non pas un lexique exhaustif (1), mais quatre pistes de réflexion et, pour tout dire, d'ouvrir des problématiques plutôt que d'assener des assertions péremptoires, comme c'est le danger avec les dictionnaires. L'inspiration en revient, bien sûr, au Dictionnaire critique de la Révolution française de François Furet et Mona Ozouf dont se réclament les auteurs. «Doctrines, idées, mouvements» recense les principales lignes de force; «Carrefours» défriche les «interactions» des juifs avec ce siècle; «Figu