C'est parce qu'il a été toujours passionné par la politique et adorait la musique que l'Américain Carl E. Schorske est devenu historien des idées et spécialiste mondialement reconnu de la culture viennoise de la fin du XIXe siècle. L'attrait pour la politique lui a été transmis par son père, un banquier new-yorkais d'ancienne origine allemande, qui, opposé à l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1914, avait embrassé la cause socialiste et pacifiste. Au chant, le jeune Schorske consacra le plus clair du temps car il se destinait à une carrière lyrique, jusqu'au jour où il comprit que sa voix n'avait pas les qualités requises pour jouer les rôles dont il rêvait chez Mozart. Le spectacle des préjugés dont était victime sa mère juive, dans un milieu pourtant riche et cultivé, finit pour développer encore davantage chez lui le goût pour une certaine marginalité radicale, dont témoigne une carrière universitaire remarquable mais mouvementée, de Wesleyan à Berkeley, à Princeton. Aussi l'histoire des idées s'imposa-t-elle comme le domaine dans lequel ses deux grands centres d'intérêts extra-universitaires la musique et la politique, sans parler de la peinture, l'architecture, l'urbanisme, l'art du jardin pouvaient être explorés non pas de façon isolée comme ils l'étaient d'ordinaire, mais ensemble dans leur imbrication au temps. Cette question du rapport entre la culture et l'histoire, Carl Schorske l'a étudié dans l'Autriche de la seconde moitié du XIXe siècle car ce pays lui est
Interview
Vienne symphonie.
Article réservé aux abonnés
publié le 2 novembre 2000 à 6h06
Dans la même rubrique