Samedi
Roy De Carava
Au Harlem Studio Museum, il y a une exposition de Roy De Carava, cet extraordinaire photographe africain-américain qui a vécu à Harlem dans les années cinquante. C'était alors le coeur brûlant, désordonné, un peu louche du monde noir. Ce n'était pas ce quartier domestiqué, avec ses Starbucks Coffee, ses Pathmark, ses Gap, Banana Republic et Calvin Klein. A présent, les touristes le sillonnent sans peur. Ils écoutent des gospels au Cotton Club, admirent la façade Art-Déco de l'Apollo Theatre. A quel prix la sécurité! Partout, les policiers patrouillent à l'affût du délit de faciès (on dit ici racial profiling, mais c'est pareil). Le bus s'est rempli de nannies noires et d'enfants blonds. L'un d'entre eux couvre la sienne de baisers. Deviendra-t-il un raciste? Quand nous arrivons au Studio Museum, j'apprends que l'exposition Roy De Carava s'est terminée... la veille.
Chez moi, j'essaie de téléphoner à ma troisième fille à Abidjan. Sans succès. Pourtant, le New York Times assure que tout est rentré dans l'ordre. Je reçois un e-mail de la seconde qui, pour le compte de la cour internationale de Justice, part pour le Rwanda. «J'ai des gardes du corps payés par le tribunal, écrit-elle. Donc, il n'y a pas à s'inquiéter. Mais on ne sait jamais.»
Mes enfants vivent dangereusement!
Dimanche
«Traduttore, traditore»
Mitsuko me réveille pour proposer de déjeuner à un restaurant japonais qu'il vient de décou