Entre deux brefs saisissements ces ramassis de fulgurances que sont, souvent, les poèmes , le Polonais Adam Zagajewski passe le temps à Paris (où il vit) à se remémorer le temps d'avant (quand, loin du berceau ancestral de llow il quitta l'enfance de Gliwice pour Cracovie: études, débuts littéraires, dissidence, etc.), ou bien s'adonne à l'observation (attention particulière aux oiseaux des villes), poursuit quelques vieilles réflexions inachevables (par exemple, sur la grandeur et la misère de l'imagination), note un propos entendu, un aphorisme. Il picore. Thésaurise. Des figures du passé, des énervements, des portraits (Adam Michnik ou un jeune prêtre futur pape), des propos entendus, des notes de lectures, un plaisir musical, une association (à l'Ancienne pinacothèque de Munich, devant l'un de ses premiers autoportraits, note que «Rembrandt ressemble à Rimbaud deux garçons de génie qui sont originaires d'Europe du Nord»), ou encore cite son poème préféré de Mandelstam.
Entre deux recueils de poèmes (Palissade, Marronniers, Liseron, Dieu en 1989, Mystique pour débutants et autres poèmes dix ans plus tard) Adam Zagajewski publie ainsi, tous les sept ans semble-t-il, des livres infiniment attachants faits de bric et de broc, de hauts et de bas, de brèves et de longues: Solidarité, solitude en 1986, la Trahison en 1993 et aujourd'hui Dans une autre beauté. Sous le titre, ne cherchez pas des mots comme: «récit», «journal», «essai», «cahiers», trop abrupts et réducteurs. Q