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Dumayet lecteur pour tous

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Pionnier du journalisme à la télévision, Pierre Dumayet publie, à 77 ans, «Autobiographie d'un lecteur». Une promenade autour des livres qui l'ont touché «comme une main touche une nuque ou une autre main». De «Madame Bovary» à «la Confession coupée» du révérend père Christophe Leuterbreuver.
publié le 9 novembre 2000 à 6h22
(mis à jour le 9 novembre 2000 à 6h22)

Lorsque l'on va souvent à Carcassonne, on dit «Carca», comme on dit L.A. pour Los Angeles, ou «Frisco» pour San Francisco. Sauf que Carcassonne est beaucoup plus petit, pendu comme une araignée en fil à plomb sur le méridien de Paris, c'est un San Francisco à cent francs six sous, Carca. On écrit «Carcassonne, envoyé spécial», parce que c'est là qu'on a rencontré Pierre Dumayet, juste après avoir lu les épreuves de son dernier livre Autobiographie d'un lecteur, sur la couverture quelqu'un avait rajouté à la main: «Texte non définitif», il ne manquerait plus que ça. Même le titre, Pierre Dumayet dit qu'il n'est pas de lui, mais de l'éditeur, on se souvient que Dumayet veut souvent appeler ses livres le corps de ma soeur s'appelle Anna, mais c'est un titre difficile.

On s'est vu à Carcassonne et on ne s'est presque rien dit, enfin rien qui concerne le livre, on a mangé des andouillettes à côté de la gare, pas facile de prendre des notes, surtout si c'est pour les perdre. On les a perdues. Tous les deux des andouillettes, forcément, c'est écrit dans Des goûts et des dégoûts (L'Echoppe, 1996): «On ne partage un repas que si chacun mange la même chose. Au restaurant chacun vit sa vie alimentaire, c'est le régime de la séparation. Au fond, un repas est réussi lorsque tout le monde mange la même chose et lorsque la même chose aime également tous les convives (imaginairement bien entendu).» On ne sait pas pourquoi on commence par cette citation, les andouillettes, bien sûr, et aussi