Dieu est définitivement mort. Son cadavre de trois kilomètres de long, traîné pieusement par un supertanker dans En remorquant Jehovah, puis traîné en justice par un petit juge dans le Jugement de Jéhovah, explose au large de La Haye. Son crâne est propulsé en orbite juste au-dessus de Times Square, grimaçant dans le ciel des humains. Avec la Grande Faucheuse, James Morrow achève sa trilogie irrévérencieuse.
«La religion prend une place prédominante dans le monde. Elle prétend apporter des réponses à des questions capitales. Quelle arrogance!», fulmine l'auteur américain, présent à Utopia 2000, le festival de science-fiction qui s'est tenu à Nantes fin octobre. Pour construire son roman, ce perfectionniste est allé puiser des références à la source, dans la théodicée. La Grande Faucheuse s'attaque d'abord à ce qui est la représentation catholique suprême, le Vatican. Pour honorer ad vitam æternam les restes divins, le Saint-Siège rêve d'une villégiature éternelle. Il commande à Gerard Korty, un célèbre sculpteur, un somptueux reliquaire «destiné à redonner du souffle à l'Eglise». L'oeuvre, démesurée et dévoyée, ne sera qu'une ode à la grandeur papale.
Mais la Grande Faucheuse est avant tout l'histoire de deux destins croisés, ceux de Gerard Korty et de Nora Burkhart, pris dans la tourmente d'une époque confrontée à une épidémie. L'espèce humaine se retrouve décimée par une peste schizophrénique qui lui fait côtoyer la présence physique de la mort avant d'y succomber. Or, Dieu