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Libération
Critique

Rouge pluriel

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Là où le «Livre noir» privilégiait l'histoire politique et comptabilisait les millions de morts, «le Siècle des communismes» met en avant l'histoire des peuples et souligne les différences entre les pays et les régimes.
publié le 9 novembre 2000 à 6h22

Finalement, c'est comme à la télé. D'un côté, l'imprécateur indigné, au discours simple, fort, publicitaire, hyperpolitique, porté par le sens de l'Histoire et une démonstration par tas de cadavres digne du livre des Records et bien dans l'esprit comptable du temps: le Livre noir du communisme, 848 pages, 189 francs, 100 millions de morts, qui dit mieux, paru en 1997 chez un gros éditeur, Robert Laffont, comme on passe sur TF1 à 20 heures. Best-seller assuré de la démonologie. De l'autre, l'universitaire un peu raide que ce «coup» idéologique agace; qui veut rétablir les infinis méandres de l'histoire des communismes, y réinstalller activement les sociétés qui les ont subis, mais aussi voulus et façonnés; qui veut en indiquer les spécificités nationales: le Siècle des communismes, 542 grandes pages écrites petit, 160 francs, plus d'une centaine d'articles, vient de paraître chez un petit éditeur, Les éditions de l'Atelier, comme on passe, vers minuit, sur un plateau d'Arte, pour répondre à l'imprécateur dont tout le monde parle: «C'est plus compliqué que ça...» Difficile. Le bandeau jaune du Siècle des communismes annonce la couleur: «Et si Le livre noir n'avait pas tout dit...» Ce qui suit pourrait s'appeler le Livre gris des communismes: on y entre dans la zone grise de l'Histoire, celle où la volonté politique se mêle aux forces sociales. Complexe, multiple. Taux d'écoute (et de lecture) peu assuré. D'autant que les auteurs, conscients d'avancer en zone de tirs, surcharge