Avant qu'on ne le retrouve comme titre du nouveau polar de Cesare Battisti, Jamais plus sans fusil a connu un succès certain, notamment en Italie, au cours des années soixante-dix, en tant que slogan révolutionnaire venu on ne sait plus de quel tiers monde en révolte et assumé comme programme minimum des groupes armés décidés à en découdre avec l'Etat capitaliste. De ces temps de plomb, comme on dit, Battisti en a été, au sein d'un groupe d'extrême gauche, jusqu'au jour où, arrêté, il s'est évadé d'une prison pour fuir son pays et s'établir, après un long décrochage par le Mexique, en France où il vit depuis de sa plume et autres ateliers d'écriture. Au Mexique ou à Paris, Battisti aurait pu rencontré Massimo Carlotto, l'auteur d' En fuite, le «roman vrai» de la cavale d'un «clandestin involontaire». Carlotto a passé dix-sept ans de sa vie moitié en prison, moitié essayant de ne pas y revenir, à partir du 20 janvier 1976, ce jour où à Padoue, alors qu'il avait 19 ans il découvre, chez elle, une étudiante de 25 ans assassinée avec cinquante-neuf coups de couteau et se présente le plus civiquement du monde à la police, qui l'arrête en l'accusant d'être le meurtrier.
Tous âgés de 55 ans, Bruno Lapp, Marck de Rockville, Marius Komgen et Onno Karo ce sont de gens qui ont réussi, ce sont les héros de Jamais plus sans fusil de Cesare Battisti. Le premier est un député de gauche rampant, le second a fondé et dirige un centre de désintoxication pour drogués riches et célèbres, le