En 1983, la publication de Ni droite ni gauche provoqua en France de violentes polémiques. Prolongeant, développant et amplifiant ses travaux antérieurs (sur Maurice Barrès, d'une part, et la droite révolutionnaire, de l'autre), le bouillant historien israélien défendait des thèses pour le moins iconoclastes. Il affirmait ainsi que le fascisme, loin d'être une création née en Italie durant l'entre-deux-guerres, avait vu le jour dans la France de l'avant-Première Guerre mondiale. Thèse scandaleuse puisqu'elle écornait, quoique sur des niveaux distincts, des théories bien admises. Du point de vue sentimental, elle réfutait l'image convenue d'une France patrie des droits de l'homme et du citoyen puisque la terre de Zola aurait enfanté le monstre brun. Du point de vue historique, elle déplaçait le curseur, en minorant le rôle de la Première Guerre mondiale dans la genèse d'un fascisme né à la fin du siècle. D'un point de vue méthodologique, enfin, l'historien défendait une histoire des idées qui, accordant la part belle à l'étude des corpus, refusait de voir dans les groupes sociaux l'alpha et l'oméga de l'histoire. Ces propositions furent en leur temps débattues, défendues, contestées, combattues. Sans rouvrir un débat désormais vieux d'une vingtaine d'années, il n'est pas sans intérêt de revenir sur les lieux du crime, Zev Sternhell offrant, dans des préfaces et introductions inédites d'une oeuvre rééditée, réflexions et mises au point.
Les travaux de Sternhell ne s'écartent pa