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Critique

Didi-Huberman,le temps de voir.

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l'Histoire de l'art exige un art de l'Histoire, un art de la mémoire. Aussi, l'arrêt sur l'image - une fresque de la Renaissance ou une toile de Barnett Newman - est-il arrêt sur le temps. Entrevue .
publié le 23 novembre 2000 à 6h59

Quand on s'intéresse à l'histoire de l'art, on s'intéresse, en général, plus à l'art qu'à l'histoire. On ne peut, il est vrai, courir tous les lièvres à la fois. La difficulté est déjà immense de savoir si une oeuvre est une oeuvre d'art, et s'il faut, pour en saisir le sens, faire confiance à l'érudition traditionnelle du connoisseur, à la sociologie de la culture, à une approche «euchronique» («l'artiste et son temps»), à l'histoire sociale, qui en étudie les conditions de production et d'usage, à une lecture formaliste, qui en analyse les qualités stylistiques et les modes de création, à une interprétation psychologique ou psychanalytique, qui tente d'en révéler le mystère en pénétrant la personnalité de son créateur, etc. La question de l'historicité elle-même, du temps, on comprend, dès lors, qu'on veuille la laisser aux seuls historiens. Ce n'est pas l'avis de Georges Didi-Huberman, qui enseigne à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, et dont on publie aujourd'hui Devant le temps.

De livre en livre ­ depuis l'Invention de l'hystérie, une étude de l'iconographie photographique de la Salpêtrière, publiée en 1982 ­, Georges Didi-Huberman élabore en effet une sorte de «gai savoir», à la fois esthétique, philosophique et historique, qui, traquant dans l'image non le visible mais le visuel, non «ce qui se donne à voir» mais le symptôme de ce qui devrait être vu, non un «espace» où se déploient formes, signes et couleurs mais une concrétion de temps, un montage de te