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Libération
Critique

Autre Ange étrange

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On n'a pas conscience d'être dans un huis clos quand on n'a jamais connu autre chose qu'une Bulle.
publié le 30 novembre 2000 à 7h20

C'est un huis clos pour nous. C'est le monde pour eux. C'est un huis clos entre vingt-neuf enfants de 9 à 14 ans qui vivent dans une Bulle. C'est leur monde à eux, avec ses règles, ses distributeurs de nourriture et même ses dieux. «Quand, il y a longtemps, les dieux Coan et Ji avaient créé la Bulle, ils l'avaient partagée en cinq niveaux, avec des couloirs, des salles, des escaliers et quatre ascenseurs.» Au fil des années, les enfants se sont divisés en deux bandes rivales, les Loups et les Ours, chacun un territoire, un niveau. Une troisième bande, les Crazes, s'est déclarée neutre et ses trois membres passent leur temps «le nez dans les machines, les câbles et les écrans» au niveau -1. Mais les murs se fissurent, les lumières s'éteignent, les distributeurs se tarissent. Que font les dieux Coan et Ji?

Rien de trop métaphysique là-dedans. L'OEil des dieux raconte les relations de ces jeunes entre eux, leurs luttes de pouvoir, leurs amitiés et leurs amours naissantes. Face au danger de déliquescence de leur environnement, leur instinct de survie va-t-il les amener à s'entretuer ou à s'allier?

Ce roman d'Ange, pseudonyme d'Anne et Gérard Guéro, un couple de scénaristes de BD et de créateurs de jeux de rôles, est également une réflexion sur la perception de la réalité. Ces enfants croient être les seuls au monde. Leur court vécu s'est construit à partir de leur environnement. Ce qu'ils savent, ils l'ont appris sur des robots éducateurs. Ils n'imaginent pas d'ailleurs. «La Bulle