Excepté un recueil de souvenirs conçu à l'âge de 7 ans («pas bien épais, je n'en avais pas beaucoup»), dont le tirage est resté confidentiel, les albums pour enfants de Babette Cole sont des succès de librairie traduits dans une vingtaine de langues. Lorsqu'elle ne planche pas dans son atelier, au premier étage de sa ferme anglaise des Midlands, elle élève des chevaux. Depuis 1988, la quinquagénaire juvénile au regard céruléen, auteur-maquignon également «capitaine certifiée», émigrait quatre mois par an sur l'île de la Tortue, dans les Caraïbes, inspirée par la douce folie ambiante. Si elle exprime quelques regrets à ne plus y séjourner aussi souvent, elle peste encore contre Delphine, le voilier dont elle a dû se séparer, qui avait «un caractère épouvantable, n'aimait pas les femmes» et ne l'avait jamais vraiment acceptée. De son trentième album, J'ai une peur bleue des animaux, «une sorte de puzzle dont les morceaux ne s'adaptent pas tout à fait les uns aux autres, mais qui marche», Babette Cole dit que la philosophie simplissime frôlant l'absurde en est «tortolienne» (de l'île de la Tortue). Peut-être est-elle tout simplement colecolienne.
Chez vous, les enfants expliquent aux parents comment on fait les bébés, les princes se transforment en crapauds quand on les embrasse. Voir les choses à l'envers, c'est une stratégie?
J'y ai souvent recours en effet, c'est une formule très utile. Prenez par exemple Princesse Finemouche, c'est une princesse féerique, mais qui évolue dans