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Critique

Pourquoi, comment

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Une collection relève le défi d'initier les enfants à la philosophie.
publié le 30 novembre 2000 à 7h20

Kant dit vrai, sans doute: «On élève les enfants de manière pernicieuse en accomplissant leurs volontés, on les élève de manière erronée en allant à l'encontre de leurs volontés et de leurs désirs.» Voilà cependant qui crée plus d'embarras qu'il n'en ôte. Si la volonté est velléité, et le désir caprice, on conçoit qu'à l'enfant il ne faille pas tout passer. Mais si cette volonté est de savoir, devra-t-on faire le tri entre ses questions idiotes, roublardes, spécieuses ou géniales, et différer sans cesse les réponses, parce que «c'est trop compliqué», «ce n'est pas de ton âge»? Quand l'enfant demande «comment», comment marche la télé ou comment on envoie un SMS, les adultes s'en sortent, tant bien que mal: la difficulté n'est que technique. Quand il demande «pourquoi», pourquoi ce n'est pas beau de mentir, pourquoi il y a des guerres ou pourquoi grand-père n'est plus là, la difficulté est telle qu'on trouve, en général, qu'«il est l'heure d'aller se coucher». Or, s'il est un âge pour philosopher, une «majorité» dirait encore Kant, dont témoigne l'autonomie du jugement, nul n'est jamais assez «mineur» pour se garder de lancer à la volée, sous forme naïve ou angoissée, des interrogations qui exigent une réponse «philosophique». Mais la philosophie a souvent du pachyderme, chargée qu'elle est de livres savants, de références hermétiques, de concepts et de termes incompréhensibles. Et l'enfant, comme les parents, de fuir devant la prise de tête annoncée...

Qu'on fasse alors lire P