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Libération

Atone à Pékin.

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A quelques exceptions près, le prix Nobel de Gao laisse mutique la plupart des écrivains en Chine populaire.
publié le 7 décembre 2000 à 7h39
(mis à jour le 7 décembre 2000 à 7h39)

Pékin de notre correspondant

Près d'un mois après le Nobel de Gao Xingjian, il faut vraiment chercher pour trouver des intellectuels chinois acceptant de se réjouir ouvertement. La plupart des écrivains, surpris et furieux initialement pour des raisons diverses, ont préféré rester silencieux, et laisser publier sans broncher la réaction mesquine de l'Association des écrivains chinois, contrôlée par le Parti communiste: «Il y a d'autres écrivains meilleurs que lui en Chine»... Certains ont entendu parler d'une pétition dirigée contre cette association, mais ne l'ont pas vue... D'autres ont entendu dire que Mo Yan, un des grands écrivains actuels, aurait fait une déclaration à la presse étrangère, mais l'intéressé termine un livre et reste enfermé chez lui. Toutefois, on tombe ­ sur l'Internet ­ sur de véritables félicitations adressées à Gao Xingjian, signées par quatre intellectuels de Pékin (Yu Jie, Yu Shicun, Xiao Shu, et Mo Luo), trop jeunes pour avoir connu Gao avant son départ en 1988.

Leur réaction, reflétant un moralisme peu courant ici, reste un acte isolé et courageux. «Nous, ainsi que la majorité des Chinois, sommes profondément heureux que Gao Xingjian ait reçu le prix Nobel de littérature, écrivent-ils. Surtout dans la Chine actuelle confrontée à une grave crise d'identité. Dans cette Chine où des virus comme le nihilisme, le désir de jeu, sont entrés dans notre coeur et dans la société, les oeuvres de Gao sur les expériences humaines sont un choc fort pour un peup