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Libération
Interview

« Façonner la langue comme une matière plastique »

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publié le 7 décembre 2000 à 7h39

Depuis quand écrivez-vous?

Depuis mon enfance. Ma mère m'avait demandé de tenir un journal. J'écrivais tous les jours, ça faisait partie de mes devoirs, et j'ai continué jusqu'à la fin de mes études universitaires. Petit, j'écrivais ce que j'éprouvais. Ensuite, je prenais des notes sur mes lectures, mes fantasmes, mes projets de pièces de théâtre, des essais philosophiques. Cette nécessité a toujours fait partie de ma vie. Je n'aurais pas pu me passer d'écrire. J'avais une quantité de cahiers que j'ai brûlés pendant la révolution culturelle.

Vous dites que l'écriture est un moyen de se sentir libre, vivant?

A l'époque où je suis devenu adulte, j'ai commencé à comprendre les relations humaines hors de la famille. La politique envahissait tout. Dans les réunions politiques des unités de travail, à l'université, il n'y avait que la langue du parti. Les relations entre les gens étaient difficiles: on était obligé de se masquer. Si je voulais vraiment réfléchir et m'exprimer librement, je n'avais que cette écriture intime. Pour moi, la littérature a toujours été une autre vie. Je me sens plus vivant dans la littérature, que dans la vie réelle, même en tant que lecteur.

Quand avez-vous découvert la littérature occidentale?

J'y ai eu accès très tôt. Enfant, je lisais les contes de Grimm et d'Andersen traduits en chinois, et aussi des romans d'aventures anglais. La littérature française, je l'ai découverte au lycée: Maupassant, Balzac, Zola, Anatole France. Et Romain Rolland, le plus «ré