Une grande agitation règne dans Promenade avec un mort, aussi, en passant, regretterons-nous ce titre peu aguicheur, qui ne rend pas justice à la vitalité du monologue intérieur, à ses ingénieux soubresauts, à ses maniaqueries. Mais Maurice Stern, qui vous parle, se vit effectivement comme un mort, il le constate lors de courses rue Saint-Honoré en compagnie de Gabrielle. Il l'éprouve tous les jours. Sur le visage de sa femme belle et jeune, il tente d'endiguer le temps, en remontant de la paume l'affaissement des joues. Gabrielle n'aime pas être liftée de la sorte. C'est le leitmotiv de ce premier roman: le bonheur, les deux enfants adorés, et puis la lutte empoisonnante contre la dégradation des corps.
Maurice Stern a 40 ans: «Je suis un garçon moyen, conformiste et légaliste, toujours vêtu d'un imperméable vert. Je voulais une Fiat Punto, c'était un souhait moyen.» Fatigué, aigre et amaigri, il voit des médecins. L'auteur a un sens inné des noms propres, Nathalie Proussakov, Nicole Kapitulnik, les Brou. «Le jeudi, Jean-Loup Perrin, mon étiopathe, me secoue sur sa table mouvante, en me parlant théâtre et cinéma.» Attentif au monde bien que retranché, Maurice est employé aux Papeteries Sébastopol qui fournissent la RATP (sa passion). Odeurs de la rentrée, vertus de l'arrache-agrafe indispensable à la sauvegarde des ongles féminins: «On aura beau dire, on aura beau faire, on aura beau développer l'informatique à outrance, on ne parviendra pas à tuer les fournitures de bureau