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Libération

Les habits neufs du lauréat Gao.

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Prix Nobel 2000 de littérature, Gao Xingjian, Français d'origine chinoise, est aujourd'hui à Stockholm pour recevoir sa récompense. De son arrivée à Paris il y a dix ans à l'essayage de sa queue -de-pie , parcours d'un fin lettré du Jiangsu au fil inconstant des jours.
publié le 7 décembre 2000 à 7h40
(mis à jour le 7 décembre 2000 à 7h40)

Cet après-midi, à 17 h 30, heure de Stockholm, Gao Xingjian lira devant l'Académie suédoise un discours intitulé «La raison d'être de la littérature». Une réflexion sur son métier d'écrivain sur laquelle il a travaillé dix jours début novembre. Sans doute les dix seuls jours, depuis le 12 octobre, où il a pu avoir une activité qui ait un quelconque rapport avec la littérature. Parce que, depuis qu'il a reçu à 12 h 45 ce jeudi-là, le coup de téléphone lui annonçant qu'on lui avait décerné le prix Nobel de littérature, l'écrivain français d'origine chinoise n'a pas eu le temps d'écrire grand-chose.

Les seules lignes qu'il ait rédigées (en dehors de son discours), ce sont les formulaires à renvoyer à la Fondation Nobel (Souhaitez-vous une avance sur votre prix (environ 7 millions de francs)? Si oui, merci de renvoyer vos coordonnées bancaires. Combien d'invités aurez-vous aux cérémonies de Stockholm. Pas plus de 10, etc.) et des centaines de messages pour répondre aux télévisions, radios, journaux, éditeurs, agents, fondations charitables, universités et dingues en tous genres qui souhaitent sa présence/son argent/un discours/qu'il plante un arbre/le faire docteur honoris causa/une photo dédicacée... et assiègent son fax jour et nuit depuis des semaines. (Son téléphone a été déconnecté au bout de quelques heures.)

En fait, la folie avait commencé avant même l'annonce de l'Académie. Dans la matinée du 12 octobre, Marion Hennebert qui dirige dans le Vaucluse les Editions de l'Aube