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Libération

Ma Saison préférée

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publié le 7 décembre 2000 à 7h39

L'Arrière-Saison est un chef-d'oeuvre d'émotion et de noblesse qui, au-delà du plaisir du lecteur, suscite sa gratitude. Nietzsche y voyait l'un des cinq livres de la littérature allemande méritant «d'être relu et relu encore», cependant les Français, avant que Gallimard ne publie cette traduction, n'avaient pas eu l'occasion de l'adorer. Le roman date de 1857, mais ses 650 pages avaient refroidi les ardeurs des éditeurs. L'Autrichien Adalbert Stifter est né en 1805 et, en proie à un cancer et à des tourments intérieurs que ne laissent pas souvent deviner l'exceptionnelle sérénité apparente de son oeuvre, se trancha le cou au rasoir en 1868. Il connut la célébrité dans les pays de langue allemande dès la parution des Grands Bois en 1841. Le livre fut traduit par Henri Thomas, déjà chez Gallimard, mais en 1943, en pleine Occupation. Le texte suivant parut en France en 1978. Ce fut, chez Phébus, l'Homme sans postérité, bref et magnifique roman (réédité en Points-Seuil). Son traducteur, Georges-Arthur Goldschmidt, disait déjà dans sa préface quel chef-d'oeuvre était l'Arrière-Saison (qu'on appelait alors en français l'Eté de la Saint-Martin). Il fallut encore patienter plus de vingt ans pour pouvoir le lire, vingt ans durant lesquels les éditions Jacqueline Chambon publièrent divers textes bouleversants de Stifter qui donnaient encore plus envie de pouvoir découvrir son oeuvre majeure. C'est chose faite, et la joie est à la hauteur de l'attente.

L'Arrière-saison est une sorte d'