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Libération
Critique

Rage de Dante.

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Quand Roberto Gac fait revivre, dans une pimpante épopée polyglotte, l'auteur de «la Divine comédie».
publié le 7 décembre 2000 à 7h39

Pour lire la Guérison de Roberto Gac, il faut avoir plusieurs livres à portée de main. Le premier volume de la Guérison d'abord, écrit en français, castillan, italien, anglais; le second volume de la Guérison ensuite, où tous les passages en langue étrangère sont traduits en français pour les malheureux non-polyglottes; les trois volumes de la Divine Comédie enfin. Car la grande nouvelle est annoncée dès le premier paragraphe: Dante Alighieri est réincarné. C'est arrivé au Chili (pays natal de Roberto Gac). Sa vie a exactement recommencé. Béatrice à nouveau l'a quitté, non pour la mort mais pour une secte, la Société des hommes célestes. Virgile est le directeur de l'asile où Dante est hospitalisé et où il vit un enfer. Le pauvre homme décide d'écrire une nouvelle Comédie. Il n'est pas sans savoir, bien sûr, qu'un certain Joyce a déjà réécrit l'Odyssée, mais il trouve qu'Homère est moins dur à imiter que Dante l'ancien et que lui, Dante le nouveau, est le mieux à même de s'atteler à cette tâche ardue.

L'Histoire se répétant toujours deux fois, et la deuxième fois en farce, la Guérison est une farce, une charge virulente ­ au nom de la beauté ancienne ­ contre la société contemporaine. «La civilisation européenne deviendra ainsi le rempart le plus sûr contre la cruelle barbarie de la Société des hommes célestes [quelque part vers Los Angeles, probablement] qui ­ ayant volé nos connaissances (...) ­ se retournent maintenant contre nous pour nous imposer la laideur atroce de leu