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Libération
Critique

Damasquinage.

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Comment la capitale syrienne inspira les premiers photographes en quête d'orientalisme.
publié le 14 décembre 2000 à 8h02

Les photographes de la seconde moitié du XIXe siècle cédèrent, comme les peintres et les écrivains, à la mode du «voyage en Orient». Le livre du Libanais Badr el-Hage s'étend sur cette rencontre entre un art à ses débuts et un monde idéalisé, encore épargné parla conquête de la Palestine. Il présente une ville légendaire, alors sous domination ottomane, en distinguant deux périodes. Jusqu'à 1860, explique l'auteur, les photographes en Orient «étaient soucieux de saisir les temples ou les sites bibliques et on peut dire que leurs missions étaient placées sous les deux signes de l'archéologie et de la religion». Les premiers clichés représentaient donc des lieux vides «comme en attente de la colonisation qui viendrait les peupler». Puisle public occidental devient friand d'images plus «ethniques». S'ensuit la vogue des portraits en costumes locaux, babouches, tapis et narguilés.

Au delà de cette vision colonisatrice, il y a une ville considérée par les contemporains comme un joyau. Avec ses huit portes que l'on ferme chaque nuit, Damas a une forme de «poêle à frire», entourée par des kilomètres de jardins et de vergers. Les panoramiques montrent un océan de toits d'où saillent les minarets et le dôme de la célèbre mosquée des Omeyyades, tombeau de saint Jean-Baptiste. Du linge pend sur les terrasses surchauffées . Damas, citée dans l'Ancien Testament, est «la ville la plus ancienne du monde, encore habitée». L'odeur de la pierre le rappelle. Ainsi sur cette ancienne voie romain