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Critique

Friedrich et célèbre.

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Une étude non hagiographique de Caspar David Friedrich, maître du romantisme allemand, et de ses relations tourmentées avec ses contemporains.
publié le 14 décembre 2000 à 8h01

Werner Hofmann est davantage qu'un spécialiste de la peinture romantique. Directeur, pendant une vingtaine d'années, du musée des Beaux-Arts de Hambourg, il a organisé, dans cette même ville, une exposition consacrée à l'art autour de 1800, d'Ossian à Goya. Il y développait une approche de cette période fondée sur une succession de ruptures décisives. La monographie qu'il consacre aujourd'hui à Caspar David Friedrich obéit à la même vision. Plutôt que d'élever une statue à la gloire du romantisme allemand telle qu'elle pouvait se lire en filigrane dans l'exposition présentée à Paris en 1976, il dresse un portrait de l'artiste beaucoup plus nuancé. Aussi vaut-il mieux lire son essai dans le sillage de la rétrospective proposée en 1992 au Prado de Madrid. Hofmann, qui en était le commissaire, avait réuni une centaine d'oeuvres, parmi lesquelles on comptait environ trente tableaux. Friedrich a déjà fait l'objet de nombreuses exégèses. Cette fois-ci, l'auteur préfère privilégier une approche dialectique. S'appuyant principalement sur l'étude des grands paysages, il démonte une opposition entre sacré et profane qui s'appuie sur l'organisation même du tableau. Le cadrage et le décentrement permettent notamment d'articuler un contraste entre le proche et le lointain qui est au coeur de la vision friedrichienne. Ce dispositif duel se retrouve dans la représentation de l'homme et de la femme telle qu'elle apparaît dans certains dessins et aquarelles. Poussant l'analyse plus avant, Ho