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Libération
Critique

Lâche-moi les barquettes.

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Rouée du polar rêveur, Fred Vargas invente des choses pas possibles que Baudouin rythme au trait noir.
publié le 14 décembre 2000 à 8h01

Fred Vargas est une écrivain de polar un peu lunaire, Edmond Baudoin un dessinateur de bandes dessinées un peu lunaire. La rencontre de ces doux pirates, armés de plume et pinceau, ne pouvait que donner, après huit mois de correspondances graphiques entre Paris et Nice, un joli «roman dessiné» au trait noir et chargé, les Quatre Fleuves. A ceux qui n'ont pas encore goûté ses histoires de petits cailloux, d'os enterré, de flics songeurs et héros rêveurs, Fred Vargas livre le meilleur des scénarios, épais comme un polar, léger comme une bulle de savon: le jeune Grégoire, qui vit de rapines sur ses rollers en ligne, dérobe, en compagnie de son copain Vincent, une sacoche à un vieux monsieur bizarre. Mais Vincent est assassiné et Grégoire vite embêté par les flics, en l'occurrence le commissaire Adamsberg ­un autre lunaire, déjà croisé chez Fred Vargas.

Donc on suit Grégoire, qui tente de comprendre, qui se réfugie chez son papa et ses trois frères, dans une sorte de terrain vague de banlieue parisienne. Le papa est, lui aussi, un drôle d'oiseau: il reproduit, dans son jardin, la fontaine romaine des Quatre Fleuves.. à base de canettes et de capsules de bière. Raconté comme ça, on dirait un truc alambiqué, mais pas du tout, ça coule et ça glisse, entre les pages noircies de textes et les pages pleines de dessins à l'encre de Chine, sans la contrainte des cases et du découpage classique. On est loin de la ligne claire, c'est plutôt la ligne brisée et Fred Vargas raconte comment: «